Avec sa dégaine de vagabond blafard, on lui donnerait un Opéra de quat’sous par pitié. Melingo pourrait être un personnage de fiction – et d’ailleurs Daniel Melingo est aussi comédien – ou le protagoniste de ses propres chansons. Mais sa trogne d’Iggy Pop des faubourgs de Buenos Aires nous rappelle qu’il est aussi nourri du punk débridé de Madrid où il vécut dans les années 80, en pleine
Movida. Dans sa musique se côtoient le rock, le tango canaille chanté en
lunfardo (l’argot des banlieues de Buenos Aires), la milonga, le rebétiko (le blues des Grecs)… pour former des ambiances tour à tour ténébreuses, fantasques, sensuelles et même parfois tout ça en même temps ! Ses textes énigmatiques et sombres portés par sa voix déchirée et déchirante semblent charrier toutes les infortunes de la terre. Et confirment son goût du bizarre qui en font un artiste unique.
Oasis, Buda Musique, 2019
www.danielmelingo.com