De Ramallah à Cenon: l'itinéraire musical de Mohammad Kahla
L’art de la rencontre et du réseau
Une résidence d’artiste est souvent perçue comme un temps de repli créatif. Pour Mohammad Kahla, elle fut au contraire un temps d’ouverture radicale. Accueilli dans le cadre du dispositif Sawa Sawa, l'oudiste a profité de ce temps pour affiner son projet « Lemma » porté par la volonté de faire entendre une voix artistique engagée. Un mélange de musique et de poésie pour questionner la mémoire, l'identité et l'espoir, mais surtout pour se confronter à d’autres univers musicaux.
Ces moments lui ont permis d’enrichir son savoir-faire et d’ancrer sa pratique dans le réseau local. Ce travail de fond a trouvé son point d’orgue le 4 décembre dernier. Dans la grande salle du Rocher (la 650), Mohammad a assuré la première partie de Dafné Kritharas. Une opportunité de présenter ses compositions à un large public, avant de poursuivre avec des représentations plus intimistes, notamment à la Cabane du Monde ou au Pas-de-Lune le 13 décembre dernier avec les Chœurs de l’orchestre arabe.
La médiation comme terrain d’introspection
Mais la richesse de cette résidence se mesure aussi, et peut-être surtout, hors des scènes traditionnelles. Le parcours de médiation autour de la musique de Mohammad a pris des allures de marathon humain, traversant des écoles, des foyers médicaux et des centres sociaux. Ces échanges ne sont jamais à sens unique. En racontant son histoire, son vécu en Palestine et la réalité de son instrument, Mohammad s'est prêté à une forme d'introspection publique portant une voix artistique où la musique est selon ses mots: un chemin de résistance, de beauté et de transmission.
Les réactions ont été aussi diverses que les auditoires : de la curiosité technique des élèves du PESMD à la connexion émotionnelle immédiate avec une famille bulgare au centre social RABA de Bègles. Que ce soit en anglais avec des lycéens ou en arabe avec des aînés de l'Espace Textile, Mohammad Kahla n'a pas seulement joué de la musique ; il a partagé une part de son humanité. Lui qui affirme: “Je donnerais la moitié de ma vie pour voir un enfant sourire, et l'autre moitié pour empêcher une fleur de se faner’’
Le fruit d’une collaboration interculturelle
Cette résidence illustre parfaitement la philosophie qui anime nos murs : permettre à un artiste de grandir tout en faisant grandir le territoire qui l'accueille. Le dispositif Sawa Sawa est un programme dédié à l'accueil de la scène artistique palestinienne en France rendu possible grâce au soutien de l'Institut Français de Jérusalem.