« C’est depuis cette terre arrachée au temps, cette langue dressée contre l’effacement, que nous appelons. Pour raconter, témoigner, faire entendre une terre qui, même brisée, se tient debout comme le poème. Dans cette veillée, la parole de Mahmoud Darwich est habitée par la voix ardente de Walid Ben Selim, qui marche entre les vers comme entre les pierres d’une maison perdue. Par Elias Sanbar*, compagnon de lutte et de mémoire, qui restitue au poème son ancrage et son souffle. Par Agathe Di Piro au piano, et Nidhal Jaoua au qanûn, qui offrent aux silences une musique d’exil et de beauté. Il ne s’agit pas de réciter. Mais de faire surgir un lieu et de le faire perpétuer, un lieu où l’on puisse, malgré tout, continuer à dire je t’aime, je me souviens, je deviendrai. Car dans chaque poème de Darwich, il y a ces lieux et un homme qui, privé de sa terre, appartient à cette patrie avec les mots. C’est un rendez-vous pour celles et ceux qui, face au canon du temps, continuent inlassablement de cultiver l’espoir. »
*Elias Sanbar, est historien, traducteur de Mahmoud Darwich, ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO, Walid Ben Selim est le porte-voix des plus beaux textes de la poésie soufie.